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Amara Diawara : Afriqcare la solution numérique pour faciliter l'accès aux soins à tous

Dernière mise à jour : 18 avr. 2023

Dans cet entretien Amara Diawara nous parle de sa startup Afriqcare développant une solution numérique visant à faciliter l’accès aux soins pour tous.


Qui est Amara Diawara ?

Je suis né et j’ai grandi en Guinée (Conakry), j’y ai été formé en médecine avant de rejoindre la France en 2015 pour poursuivre un master en Santé Publique puis un exécutive MBA à l’université Dauphine.

En effet, je n’étais à priori pas destiné à m’orienter vers l’entrepreneuriat, je m'orientais plutôt vers une carrière de chercheur ayant débuté dans la recherche en épidémiologie. A la suite de mes études, et après avoir occupé plusieurs postes au sein de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) je me suis rendu compte de l’opportunité qu’offraient les outils digitaux pour l’amélioration de l’accès aux soins et du parcours de soin des Africains. Aussi, j’ai personnellement été touché par la maladie et ai pu bénéficier d’outils tels que Doctolib qui permettaient le suivi de mon parcours de soins, c’est dans cette optique que m’est apparu l’idée de mettre en place une plateforme permettant la prise de rendez-vous ainsi que les consultations médicales à destination des professionnels de santé et des patients en Guinée.


Quels constats vous ont poussé à développer cette entreprise ?

Aujourd’hui en Afrique, il existe un manque de visibilité sur l’offre de soin. À Conakry, si on tape sur internet « médecin » ou « établissement de santé », il est fort probable que nous tombions sur des établissements très basiques, sans site internet ou alors très difficiles d’utilisation. Par ailleurs, cette offre de soin n’est même pas visible pour les médecins eux-mêmes. Il y a donc un manque de coordination entre praticiens et une discontinuité des soins qui amène très souvent les malades à effectuer les mêmes examens au sein de structures différentes. Cela a pour conséquence l’augmentation du coût de la prise en charge alors même que le population n’a pas forcément les ressources financières.

Par ailleurs, les risques liés à la prise de médicaments sans prescription et en l’absence d’informations fiables et actualisées, ainsi que l’usage de faux médicaments sont autant de raisons pour lesquelles nous développons des partenariats publics et privés afin de sécuriser la prescription des ordonnances. L’objectif est de sécuriser toute la chaine de prescription en informant sur les contre-indications, interactions médicamenteuses, et effets indésirables.


Selon un rapport paru en 2021 « Internet World stats », 60% des africains n’auraient pas accès à internet. Comment Afriqcare compte pallier ce faible taux pour développer sa solution ? Plus largement, quelles sont les difficultés auxquelles vous avez ou faites encore face dans le cadre de votre développement ?

L’accès à internet est effectivement l’une des principales difficultés à laquelle nous avons fait face dès notre lancement en 2009. En Afrique, il est possible de dépenser entre 50 et 100 euros par mois pour avoir une connexion stable, ce qui implique un accès des professionnels de santé à la plateforme extrêmement limité, toutefois, nous avons essayé de développer une plateforme capable d’être utilisée sans connexion, avec la possibilité de synchroniser les informations avec une base de données une fois la connexion retrouvée. En revanche, s’agissant des patients, il ne s’agit pas d’un outil qui sera utilisé au quotidien donc une connexion longue n’est pas nécessaire. Nous avons également été confronté à des difficultés d’ordre financière, aujourd’hui j’ai financé l’entièreté du projet grâce à des fonds personnels.

Pour accéder à des fonds d’amorçage en Afrique généralement, les startups doivent déjà être en disposition de 50 000 euros ce qui n‘est pas notre cas car nous ne générons pas encore de chiffre d’affaires. Les banques proposent des taux d’intérêts trop élevé pour les jeunes entreprises, nous nous débrouillons donc avec nos faibles ressources et notre grande motivation.

Enfin, malgré la grande détermination de nos équipes, nous manquons de compétences en interne, nous sommes donc ouverts à toute personne pouvant apporter sa pierre à l’édifice et étant disposée à tenter l’aventure africaine même à distance !

"En Afrique, il est possible de dépenser entre 50 et 100 euros par mois pour avoir une connexion stable,"


Vous avez été lauréat de la 5 ème édition du Challenge App Afrique 2020, est -ce que ce prix est annonciateur d’une prise de conscience en faveur de la démocratisation de l’accès aux soins des Africains ?

En effet, il s’agit d’un petit « plus ». Nous gagnons des prix ci et là à l’occasion de concours, ces prix, bénéficient à des jeunes qui prétendent développer des prototypes ainsi que des solutions à impact sur la vie des citoyens. Ces sommes nous permettent d’investir dans la R&D, ou dans le développement du projet. C’est une aubaine pour les jeunes et je les encourage vivement à postuler à ce type de concours car il existe malheureusement peu d’autres moyens d’obtenir des accompagnements. Ces initiatives doivent être multipliées, car à mon sens, le développement du continent passera nécessairement par le succès de nos entrepreneurs. L’entrepreneuriat n’est vraiment pas un long fleuve tranquille, j’ai les qualifications pour travailler dans diverses institutions et pourtant j’ai fait le choix de donner un sens à ma vie en apportant des choses à une communauté et en impactant la vie de gens grâce au digital, ce n’est pas toujours facile mais je pense que cela inspirera les jeunes à innover.


Malgré les initiatives qui se développent, dont la vôtre est une illustration, l’accès aux soins demeure un défi majeur pour de nombreux Africains. On dit que pour élever un enfant, il faut tout un village, peut-on se permettre un parallèle et considérer que pour que l’accès au soin pour tous devienne une réalité, l’engagement de tout un écosystème est nécéssaire ?

Oui, il faut savoir que la plupart des médecins en Afrique se trouvent dans les grandes villes, surtout dans les capitales. Les provinces sont complètement dépourvues de spécialistes. Je pense que pour lutter contre les inégalités sociales en matière d’accès au soin et les déserts médicaux, il faut développer une politique impliquant à la fois les startups, les gouvernements, les différents partenaires institutionnels afin d’impulser un changement à grande échelle. Une des solutions pour lutter contre les déserts médicaux, c’est la téléconsultation, mais il faut des moyens pour pouvoir la mettre en place, travailler en étroite collaboration avec les différentes parties prenantes, car tout ce que les startups font, elles le font pour venir en aide. Il est nécéssaire d'obtenir l’aide de tout cet écosystème afin de faire en sorte que l’accès aux soins soit facilité pour l’ensemble des Africains peu importe l’endroit où ils se trouvent. C’est là que réside ma motivation, en permettant l’accès au soin à tous, j’aurai réussi ma mission de médecin.


Quelles sont les perspectives d’Afriqcare ?

Nous sommes actuellement en train de déployer cette première version en Guinée, puis nous tenterons le Mali et le Sénégal, nous souhaitons aussi développer d’autres fonctionnalités en collaboration avecles professionnels de santé avec pour ambition de devenir leader de la santé numérique en Afrique de l’ouest.



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