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Virginie Tassin, avocate en droit de la mer encourage la jeunesse engagée dans les enjeux mondiaux


Je suis Virginie Tassin, avocate travaillant exclusivement en droit international public, et plus particulièrement le droit de la mer, titulaire d’un double doctorat en France et en Australie. Après avoir travaillé au Tribunal international du droit de la mer à Hambourg (Allemagne), j'ai fondé mon propre cabinet en France, puis en Suisse, où je me concentre sur la gestion de l'espace marin et l'utilisation des ressources marines pour divers secteurs, dont la restauration, le shipping, les pêcheries, l’observation océanique et le domaine spatial. Mon approche est guidée par ma passion pour la mer et ma curiosité pour la culture et l'humanité.


Q : Pouvez-vous expliquer votre compréhension de l'économie bleue et comment elle a évolué depuis que vous avez commencé à travailler sur l'océan en 2006 ?

R : C’est un terme présent partout. Il est donc important de demander à plusieurs professionnels de secteurs différents ce qu’ils en pensent. On s’aperçoit qu’il y a une divergence dans la définition. Quand j’ai commencé à travailler sur l’océan (depuis 2006), ce concept n’existait pas. Je me pose toujours des questions par rapport à sa nature, son contenu et sa mise en œuvre. Au début, le concept d’économie bleue est lié à la notion de développement durable. L’idée est qu’il fallait que les ressources générées par les activités maritimes puissent avoir un impact positif sur l’économie, l’environnement. Ce concept ne sert pas à désigner le secteur maritime même si plusieurs usages sont effectués dans ce sens.


Q : Vous avez mentionné que le concept d'économie bleue ne concerne pas uniquement le secteur maritime, mais vise plutôt les acteurs capables d'avoir un impact positif sur l'environnement et la société. Pourriez-vous donner des exemples concrets de ces acteurs et de leurs contributions à l'économie bleue ?

R : ce concept cible les acteurs capables d’avoir un impact positif à travers l’argent qu’ils génèrent sur l’environnement et le social. De plus en plus, on voit une appropriation de ce terme par les politiques. Il faut alors savoir replacer ce concept dans son contexte d’origine. Beaucoup de concepts de développement durable sont devenus des obligations juridiques. Par conséquent, selon moi, si on veut se revendiquer comme faisant partie de l’économie bleue, il faut faire les choses différemment. Cela veut dire aller au-delà de la compliance, des critères de base. Le problème réside dans le fait que ni les médias, ni les politiques ne font cette distinction. C’est pour cela qu’il y a beaucoup de tentatives de greenwashing ou de bluewashing de la part de certains acteurs pour s’incorporer dans ces catégories alors qu’ils ne s’y prêtent pas vraiment.


Q : Vous avez souligné l'importance de la participation de la jeunesse dans les grandes rencontres internationales. Comment pouvons-nous encourager les jeunes délégués à apporter un message critique et constructif plutôt que de répéter des discours déjà entendus ? De quelles manières l'engagement de la jeunesse peut-il être approfondi pour avoir un véritable impact sur les enjeux mondiaux ?

R : Nous sommes dans une société avec un changement de culture et de valeurs très profond. Je suis donc très enthousiaste d’entendre la voix de la jeunesse dans ces rencontres. Néanmoins, il faut que ces jeunes délégués ne répètent pas ce qu’ils entendent partout. Il faut que la jeunesse fasse le relais d’un message critique et construit pour éviter le recyclage. Je suis critique par rapport à l’engagement et à l’impact des actions de manière générale ; et même dans ma pratique, j’aide des jeunes, des organisations, des ONG etc. à être sûrs qu’ils soient prêts à comprendre les enjeux et à donner un avis critique notamment concernant la mise en œuvre du droit. Sans cela, l’engagement reste superficiel. Il faut donc aller en profondeur dans tous les sujets et faire appel à l’historique. C’est là où on se rend compte que le mouvement de la jeunesse existe depuis les années 70 avec des jeunes dans les tribunes de l’ONU qui se plaignaient de leur non-considération dans les politiques.


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