top of page

Yann Delaunay : un plaidoyer pour amplifier les mobilités croisées du volontariat international

Dernière mise à jour : 18 avr. 2023

Entretien avec Yann Delaunay, délégué général de France Volontaires


Qui est Yann Delaunay?

Né en 1978 à Saint-Denis de la Réunion, Yann Delaunay a suivi des études de droit à l’Université d’Aix-Marseille avant de rejoindre le ministère des Affaires étrangères en 2002. Affecté pour son premier poste à la direction des affaires financières, en charge des crédits d’intervention des cabinets ministériels et du centre d’analyse et de prévision, il a ensuite dirigé le consulat de France à Copenhague entre 2006 et 2009, date à laquelle il a été affecté à l’ambassade de France à Berlin, au sein du Secrétariat général de l’ambassade. A son retour en France en 2013, il a occupé successivement les postes de chef de cabinet adjoint puis de chef de cabinet du Secrétaire d’Etat en charge des Affaires européennes, avant d’occuper les mêmes fonctions (chef de cabinet adjoint puis chef de cabinet) du Ministre des Affaires étrangères, jusqu’en 2017. Il était depuis Secrétaire général d’Atout France, l’opérateur de l’Etat en charge du développement touristique de la France. Il est depuis mars 2021 le nouveau délégué général de France Volontaires.


Je m’engage pour l’Afrique a eu la chance de vous rencontrer il y a quelques mois. Pouvez-vous nous présenter France Volontaires et vos actions à nos lecteurs ?

France Volontaires est un opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, qui rassemble l’Etat, des collectivités territoriales et des ONG, dans l’objectif de développer ensemble le volontariat international d’échange et de solidarité. Il s’agit en fait de permettre à chacun, quel que soit son âge, son origine, ses compétences, de s’engager dans un volontariat solidaire, de qualité, construit avec nos partenaires des pays du Sud. Le volontariat rend possible des véritables parcours d’engagement et d’ouverture au monde tout au long de la vie, des plus jeunes qui découvrent l’international grâce aux chantiers internationaux aux plus expérimentés grâce au volontariat sénior, également grâce au service civique et au volontariat de solidarité internationale, mais aussi durant sa carrière professionnelle à travers le congé de solidarité. Une des particularités du volontariat français est de permettre la réciprocité : nous accueillons également en France des jeunes en Service civique, notamment d’Afrique. Nous nous appuyons pour cela sur l’expertise de nos membres et sur les équipes de France Volontaires, basées à Ivry, en région métropolitaine et dans les Outre-mer (La Réunion et la Nouvelle Calédonie) et dans 24 pays dans le monde, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.


Au cours des 5 dernières années, de nombreux dispositifs pour faciliter les mobilités croisées ont vu le jour en France. Pouvez - vous nous dresser le bilan et les perspectives à venir en particulier sur le développement du volontariat international ?

Le volontariat a connu une reconnaissance inédite durant les dernières années. Je pense notamment au vote, à l’unanimité du Parlement, de la loi sur le développement solidaire le 4 août 2021. Issue largement des travaux du député Hervé Berville et d’un dialogue ouvert à la société civile, cette loi reconnaît en effet pour la première fois le volontariat international comme un outil à part entière de la politique solidaire de la France. La dimension réciproque, partenariale, au plus proche des attentes des populations et des collectivités avec lesquelles les projets sont construits, est au cœur du renouvellement des relations avec les pays partenaires, qu’a illustré la participation de nombreux volontaires au Nouveau Sommet Afrique France, où nous avons eu le plaisir d’échanger avec JMA. Une des avancées majeures de la loi est également d’avoir ouvert le principe de réciprocité au dispositif du volontariat de solidarité international (VSI). Pour faire simple, jusqu’ici nous pouvions encourager des mobilités croisées pour des jeunes uniquement dans le cadre du service civique. Cela permet des actions passionnantes, à l’image de l’accueil de 11 jeunes de 11 pays d’Afrique répartis dans 11 institutions culturelles et scientifiques sur tout le territoire métropolitain lors de la saison Africa 2020. Ouvrir le VSI à la réciprocité permettra d’accueillir d’autres publics, sans limite d’âge, pour des missions plus longues dans la durée, favorisant d’autres profils, plus expérimentés. Les VSI accueillis au titre de la réciprocité viendront naturellement pour beaucoup d’Afrique et nous serons mobilisés pour valoriser toute l’expertise et toutes les compétences du continent.


Le volontariat est un outil inclusif qui peut favoriser l’accès à l’emploi des jeunes. Vous travaillez avec de nombreux pays africains, comment se développent les programmes de volontariat sur le continent ?

France Volontaires conduit depuis de nombreuses années des projets en Afrique pour soutenir le développement de dispositif de volontariat national et international. Nous sommes en effet convaincus que le volontariat est une solution puissante dans le cadre des politiques Jeunesses des Etats africains, pour construire des parcours d’engagement qui apportent des savoir-faire et des savoir-être favorisant l’insertion. L’un des premiers pays avec lesquels nous avons travaillé est le Togo, qui, à travers l’agence nationale du volontariat du Togo, est devenu une des références du continent africain. Nous bénéficions également d’une belle collaboration avec l’Agence nationale de volontariat du Burkina Faso. Plus récemment, nous avons signé en 2021 des conventions pour appuyer sur ce sujet la Côte d’Ivoire et le Sénégal, en 2022 avec le Tchad, et d’autres échanges sont en cours avec d’autres pays, comme la Tunisie. Pour prendre l’exemple de la Côte d’Ivoire, en lien étroit avec l’AFD, l’Agence du Service civique et le MEAE, nous travaillons sur le cadre réglementaire et la mise en œuvre du service civique ivoirien. Début juin, nous avons reçu une importante délégation, conduite par le ministre de la Promotion de la Jeunesse Mamadou Touré, pour de nombreuses réunions de travail à France Volontaires, au sein de l’Agence du Service civique, très impliquée dans ce projet, et avec nos membres et partenaires : Solidarité laïque, l’Institut de l’engagement, Unis-Cités, la mission locale du Havre. L’objectif est de permettre à la Côte d’Ivoire de définir, en s’inspirant de la pratique des acteurs rencontrés, le dispositif le mieux adapté aux enjeux et aux priorités stratégiques du pays.


"Le volontariat doit être ouvert à toutes et tous, parce qu’il constitue un outil réellement utile et performant pour construire des actions de solidarité mais aussi pour favoriser des parcours individuels inclusifs favorisant le développement des compétences et de l’engagement."


Les volontaires participent à créer des changements positifs sur les territoires dans lesquels ils sont engagés. Comment mesurez-vous cet impact en France et dans vos pays d’interventions ?

Le volontariat a une spécificité, c’est d’être construit de manière partenariale. C’est une des premières clés de son efficacité : créer ensemble des actions concrètes, précises, au plus près des besoins des acteurs. Il peut s’agir d’actions définies par deux associations, deux ONG, du Nord et du Sud, qui ont noué des liens de confiance et qui choisissent ensemble un volontaire qui souhaite s’engager dans une action solidaire. Il peut s’agir aussi de deux collectivités territoriales, qui nouent des liens forts et choisissent la voie de l’échange humain pour mener à bien leur projet de rapprochement et d’échange d’expertise. Pour mesurer l’impact du volontariat sur les volontaires eux-mêmes, je voudrais prendre pour exemple une initiative menée récemment avec l’Union nationale des missions locales et l’Agence du service civique, dénommée « Ambassadeurs de l’engagement citoyen à l’international », qui a permis d’offrir une expérience internationale à des jeunes qui étaient pour près de 80% en recherche d’emploi ou inactifs. Une enquête menée après leur expérience a montré que 93% avaient acquis une meilleure confiance en eux, près de 80% avaient acquis des compétences utiles pour leur parcours professionnel et 97% souhaitaient davantage s’engager localement. Mieux encore, deux ans après, seuls 14% d’entre eux étaient encore en recherche d’emploi. C’est une illustration, il y en aurait d’autres. Elle tend surtout à démontrer que le volontariat doit être ouvert à toutes et tous, parce qu’il constitue un outil réellement utile et performant pour construire des actions de solidarité mais aussi pour favoriser des parcours individuels inclusifs favorisant le développement des compétences et de l’engagement.


Que diriez-vous à un jeune pour l’encourager à faire du volontariat ?

Il ne faut pas hésiter ! Que ce soit via un chantier solidaire, un service civique ou un VSI, s’engager dans le volontariat est une opportunité extraordinaire, pour s’ouvrir au monde, rencontrer des différences, acquérir de la confiance en soi et développer ses compétences. C’est une des priorités de France Volontaires que chacun puisse s’engager dans un projet de solidarité internationale de qualité : suivez nos réseaux sociaux, consultez notre site et nos témoignages de volontaires, et sautez le pas si vous voyez un projet ou une mission qui vous inspire !


94 vues0 commentaire
bottom of page